Durant la saison 2020/2021, les aides publiques à la filière cotonnière mondiale ont atteint 6,95 milliards $. C’est ce qu’indique le Comité consultatif international du coton (ICAC) dans un communiqué publié le 10 décembre dernier.
Le montant annoncé est en recul de 18 % par rapport au montant de la saison précédente qui s’élevait à 8,51 milliards $, soit le second plus haut niveau historique. Il marque en outre, le premier ralentissement mondial d’une année sur l’autre de l’aide au secteur depuis 2016/2017.
Dans l’ensemble, l’ICAC indique que cette situation a contribué à une amélioration de la moyenne de l’Indice A du Cotlook qui est passée de 71 cents pour la livre de fibre (0,45 kg) à 83 cents.
70 % de l’offre mondiale de fibre bénéficie de soutiens publics
En valeur, l’aide au coton a baissé dans le monde en 2020/2021, mais la part totale de la récolte de fibre profitant de ce soutien est restée quasiment stable. Selon le groupe intergouvernemental, environ 70 % de l’offre mondiale bénéficiait d’une assistance publique sous forme d’aide directe, de subventions aux intrants et aux transports, d’assurance-récolte, de protection aux frontières ou de prix minimaux de soutien.
Avec une telle situation de dépendance, la chute du montant public alloué au secteur a eu pour principale conséquence une contraction de la production. Le volume de coton s’est en effet établi à 24,3 millions de tonnes au terme de ladite campagne contre 26,1 millions de tonnes un an plus tôt, ce qui représente son plus bas niveau depuis 4 ans.
Alors que globalement, le niveau de l’offre a évolué au gré des subventions depuis plus de deux décennies, il faut noter qu’une hausse du soutien ne se traduit pas systématiquement par un gain supplémentaire en termes de production.
Et pour cause. En 2011/2012 où le volume de fibre avait atteint son plus haut historique (27,8 millions de tonnes), la campagne n’avait connu que 4,86 milliards $ de subventions tandis qu’au plus fort du soutien en 2014/2015 (10,6 milliards $), la récolte n’était que de 26 millions de tonnes.
USA, Chine, Inde et UE en tête
Si globalement le soutien au coton est généralisé, c’est d’abord du côté de la Chine, des USA et de l’Inde qu’il est massivement subventionné. Ces trois pays qui comptent pour environ 62 % de l’offre globale en fibre ont débloqué 6,2 milliards $ en 2020/2021, soit l’équivalent de 90 % du montant total. Dans les détails, la Chine a fourni 4,1 milliards $ pendant que les USA accordait 1 milliard $ et l’Inde, 989 millions $.
A côté de ces fournisseurs majeurs, c’est en Union européenne (UE) que les producteurs de coton profitent le plus de l’appui des pouvoirs publics. C’est en effet dans la zone qu’on note le niveau d’aide par livre de fibre de coton le plus important du monde, soit 51 cents de dollars alors qu’elle ne fournit que 1,5 % de l’offre totale.
Globalement, 297 millions $ de subventions ont été accordés, dont 224 millions $ pour la Grèce et 73 millions $ pour l’Espagne, les principaux producteurs du marché communautaire. Ce montant représente 60 % de plus que ce qui a été enregistré dans l’ensemble des pays africains en 2020/2021 (179 millions $).
Sur ce continent, la Côte d’Ivoire a été le premier contributeur aux aides (67 millions $). Elle est suivie par le Mali (65 millions $), le Burkina Faso (39 millions $), le Tchad (6 millions $) et le Sénégal (2 millions $).
Plus globalement, il convient de noter que les nations africaines sont celles qui pâtissent le plus de la baisse des prix mondiaux liée à la mise sur le marché de coton largement subventionné qui dans certains cas est moins compétitif sans les soutiens.
Par exemple d’après l’ICAC, la Grèce, premier producteur de coton de l’UE est le 3ème du monde où le coût de production à l’hectare est le plus élevé avec 2 284 $, mais la moitié des frais est supportée par l’UE, ce qui a conduit à une expansion de la culture cotonnière et à une mise sous irrigation de plus de 90 % des superficies cultivées.
En outre, les USA, la Turquie, l’Inde et la Chine affichent tous des coûts de production à l’hectare plus élevés que le continent africain qui est par ailleurs, la zone la plus efficiente de production de coton après l’Argentine.
Pour rappel, la culture de coton occupe près de 22 millions de personnes à travers le monde.
Source : agenceecofin.com