La demande de coton biologique devrait grimper de 84% d’ici 2030 selon la première enquête réalisée début 2021 sur ce sujet par Textile Exchange auprès de ses membres et ceux de la communauté de la Table ronde sur le coton biologique (OCRT).
Certes seulement 16 des 116 répondants ont fourni des données prévisionnelles mais Textile Exchange affirme que les résultats sont crédibles car ces 16 entreprises de 27 pays – pour la plupart des marques et détaillants – représentaient 60% de l’utilisation mondiale de coton biologique en 2019/20.
Pour les entreprises qui ont pu prévoir les besoins futurs en coton biologique, elles ont projeté en moyenne une hausse de 10 % de la consommation chaque année jusqu’en 2025 puis de 15 % entre 2025 et 2030.
Pour répondre à cette demande croissante, les signaux et engagements des marques et détaillants envers les agriculteurs devront être plus affirmés pour développer la production de coton biologique, souligne Textile Exchange. « Une seule entreprise a fourni des données sur la demande anticipée de coton en conversion. Cela peut indiquer que certaines entreprises n’ont pas de plans détaillés sur la manière dont elles entendent répondre à leurs futurs besoins en coton biologique, ni comprendre le rôle important que joue le coton en conversion dans le cheminement vers le bio » indique Textile Exchange.
Si une majorité des entreprises (72%) connaisse le pays ou la région de leur approvisionnement en coton biologique, en revanche, elles remontent difficilement la chaine de valeur. Ainsi, 36% capables de retracer la chaîne jusqu’à au niveau du fil et seulement 12% au coton graine.
Un intérêt croissant pour l’origine ouest-africaine
Ce sursaut anticipé de la demande en coton bio devrait en partie profiter aux pays d’Afrique de l’Ouest. Si globalement, on ne constate pas de changements fondamentaux dans l’approvisionnement actuel en coton bio et celui dans une dizaine d’année (voir camemberts ci-dessous), les entreprises s’appuyant sur els réseaux existants, si ce n’est une moindre contribution des pays d’Asie y compris la Chine, des sauts quantitatifs sont observables au niveau des pays, notamment en Afrique de l’Ouest.
Ainsi, le potentiel d’expansion passe de moins de 1% à 30% au Bénin et de 11% à 17% au Burkina Faso où fonctionne depuis l’année dernière une usine d’égrenage de coton bio (Lire : Une usine d’égrenage de coton bio à Koudougou au Burkina Faso). Autres pays qui devraient sensiblement profitées de cette embellie de la demande signalons le Brésil (de 20% à 40%) l’Ethiopie (inférieur à 1% à 9%), Haïti (de 0% à 10%) et la Turquie (de 61% à 72%).
Des obstacles à surmonter
L’enquête de Textile Exchange met aussi en avant les principaux obstacles pour répondre à l’avenir aux besoins en coton biologique. Le principal obstacle cité est le coût du coton biologique (40 %). Cependant, le deuxième plus grand obstacle est qu’il n’y avait pas assez de coton en conversion dans le pipeline pour répondre demande (19 %). Autres obstacles mentionnés, le fait que les fournisseurs n’étaient pas liés à des groupes de producteurs (16 %) et que le coton de la qualité souhaitée n’était pas disponible (13%).
Les entreprises relèvent principalement ces défis en nouant des relations à long terme avec des groupements agricoles ou des fournisseurs proches des agriculteurs (29%) et en intégrant le coton en conversion dans leurs stratégies d’approvisionnement (27%).
Toutefois, Textile Exchange note également que certaines entreprises contournent cette difficulté en matière d’approvisionnement en choisissant d’autres cotons préférés au lieu du biologique ou en intégrant davantage de coton recyclé. « À moins que des mesures proactives ne soient prises, il y aura une occasion manquée de développer le coton biologique et les impacts qu’il apporte » conclut Textile Exchange. Ainsi, la Table ronde sur le coton biologique (OCRT) de Textile Exchange cherchera à présenter des modèles commerciaux qui aident à soutenir les agriculteurs tout au long de la période de conversion mais aussi à aborder le paradigme des prix et à rechercher des moyens innovants de commercialiser et d’étiqueter le coton en conversion.
Source : commodafrica.com