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Actualités & Analyses

Comment la Côte d’Ivoire a-t-elle décidé de miser sur la qualité de son coton pour se démarquer ?

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Le coton est l’or blanc de la Côte d’Ivoire, qui en a produit plus de 200 000 tonnes de fibre durant la campagne 2020-2021, se classant ainsi au deuxième rang africain du plus grand producteur de coton, selon l’International Cotton Advisory Committee (ICAC). Face à la concurrence des pays émergents et aux aléas des cours mondiaux, le pays ne se contente pas de miser sur la quantité.

Il s’efforce aussi de renforcer la valorisation de la qualité de sa fibre, reconnue pour sa longueur, sa résistance et sa blancheur. Un atout complémentaire qui lui permet de se démarquer sur l’échiquier mondial.

Un travail de longue haleine

La qualité actuelle du coton ivoirien n’est pas le fruit du hasard, il résulte d’un travail de longue haleine, qui implique les acteurs de la filière (les producteurs, les égreneurs, les filateurs, les triturateurs, les chercheurs, les autorités et les partenaires techniques et financiers, etc.). Depuis l’époque coloniale, le pays a introduit des variétés améliorées de coton, notamment le Gossypium hirsutum, originaire d’Amérique du sud, qui présente des fibres plus longues et plus fines que le coton indigène.

Après l’indépendance, en 1960, le pays a poursuivi le développement de la filière cotonnière, en créant une société d’Etat chargée de la production, de l’égrenage du coton et de la commercialisation de la fibre. Il s’est doté également d’une structure de recherche agronomique, dédiée entre autres à l’amélioration variétale du coton. Ainsi, des variétés à haut rendement, à fibre longue et à faible teneur en gossypol, une substance toxique présente dans les graines de coton, ont été progressivement mises au point.

Par ailleurs, la Côte d’Ivoire a mis en place un système de choix du coton graine, basé sur des critères de qualité tels que la couleur, la pureté et le taux d’humidité. Ce système permet de rémunérer les producteurs en fonction de la qualité de leur coton, et de garantir aux acheteurs une traçabilité et une homogénéité du produit.

Le coton graine est classé en deux catégories : le premier choix qui correspond au coton propre, bien trié et sec, et le deuxième choix qui regroupe le coton sale, mal trié ou humide, voire mouillé. De même, pour la fibre de coton, un système de classement répondant aux normes internationales est appliqué.

Des défis à relever

La filière cotonnière ivoirienne a connu des bouleversements majeurs au cours des dernières années, en raison de facteurs internes et externes.

Au plan interne, la libéralisation de la filière, entamée en 1999, a eu des conséquences sur l’organisation et la régulation du secteur. De même que la crise politico-militaire, survenue entre 2002 et 2011.

Par ailleurs, au plan externe, la concurrence des pays émergents – notamment la Chine, l’Inde et le Brésil, qui ont augmenté leur production et leur consommation de coton – ainsi que les subventions accordées par les pays développés, notamment les Etats-Unis et l’Union Européenne, à leurs producteurs de coton, provoquent des mouvements de prix sur le marché mondial, source d’instabilité et d’incertitude au niveau local.

Face à ces défis, la Côte d’Ivoire a adopté des stratégies pertinentes pour relancer et renforcer sa filière cotonnière.

Des initiatives pour sensibiliser et valoriser

Afin d’améliorer la qualité du coton ivoirien, la Commission Qualité Coton a mené plusieurs initiatives de sensibilisation, de formation et d’incitation des producteurs. En novembre 2023, elle a organisé une mission post-jassides dans cinquante et une (51) localités du bassin cotonnier, pour renforcer les capacités des producteurs et leur rappeler les bonnes pratiques de l’itinéraire technique, du tri et du transport du coton graine. Elle a également instauré une prime d’homogénéité pour encourager les producteurs à produire du coton de meilleure qualité.

En janvier 2024, cette Commission a organisé une réunion d’actualisation du coton graine de référence, outil essentiel de classification et de valorisation. 

La Côte d’Ivoire, tout en intégrant les défis à relever, se distingue par la qualité de son coton. Se faisant, l’horizon de croissance et de développement de la filière en ressort moins imprévisible.

En effet, dans un monde en constante mutation de la demande, marqué par une concurrence accrue, une variation permanente et incontrôlable des prix et des changements sociologiques majeurs et accélérés, deux questions cruciales se profilent : Quels moyens et quels outils pour maintenir sa position stratégique ? Quels enjeux et quelles modalités de partenariat avec les acteurs privés afin d’inciter à de meilleurs investissements pour assurer la compétitivité de la filière cotonnière ivoirienne ? Le débat est ouvert.

Source : rti.info